Création : Michelle Podroznik et Frédéric Krivine, Réalisation : Gérard Vergez, Claire de la
Rochefoucauld, Thierry Petit, Brigitte Coscas, Christophe Barbier, Pierre Leix-Cote, Frédéric
Krivine, Christian François, Benoît d'Aubert, Christian Bonnet, Étienne Dhaene, Pascal
Heylbroeck, Akim Isker, Scénario : Robin Barataud, Jean Reynard, Bernard Jeanjean,
Jean-Luc Nivaggioni, Murielle Magellan, Corinne Elizondo, Marc Eisenchteter, Fabienne Facco,
Armelle Robert, Jeffrey Frohner, Laurent Salgues, Musique : Richard Galliano, Production :
Michelle Podroznik, Sébastien Combelles, Christophe Marguerie, Muriel Paradis, Avec : Marc
Betton, Nathalie Cerda, Nicolas Pignon, Bruno Wolkowitch, Charles Schneider, Lilah Dadi, Lisa
Martino, Cécile Richard, Emmanuelle Bach, Thierry Desroses, Guillaume Cramoisan, Jalil
Naciri, François Feroleto, Bénédicte Loyen, Bruno Paviot, Nicolas Grandhomme, Valérie
Bagnou-Beido, Raphaëlle Bruneau, El Driss, Christine Citti, Charlotte Maury-Sentier, Myriam
Tadesse, Laurent Berthet, Gérard Darrieu, Gérard Vergez, Donatienne Dupont, Nadège
Beausson-Diagne, Sara Martins, Nephael, Lionnel Astier, Aurore Auteuil, Sophie Barjac,
Christian Bujeau, Gérard Chaillou, Thomas Cousseau, Arié Elmaleh, Hassan Koubba, Guy
Lecluyse, Samir Guesmi, François Levantal, Raphaël Lenglet, Damien Jouillerot, Jacques
Martial, MC Jean Gab'1, Samy Naceri, Tomer Sisley, Thierry René, Alice Taglioni, Swann
Arlaud, Sandra Nkaké, David Tournay, Aurélien Wiik, Melissa Mars, Azize Kabouche,
Emmanuel Curtil, Patrick Floersheim, Corinne Masiero, Marie Vincent, Virginie Ledieu,
Thierry Ragueneau, Vincent de Bouard, Micky Sébastian, Jérémie Covillault, Sylvie Flepp,
Abdelhafid Metalsi, Marie-Julie Baup, Anaïs Demoustier, Audrey Fleurot, Arthur Dupont,
Chrystelle Labaude, Pascal Demolon, Valérie Karsenti
Je suis tombé sur la série PJ diffusée sur le programme de la nuit de RMC Stories, avec
malheureusement des épisodes souvent dans le désordre et des reprises. J'ai enregistré ces
séquences, quand je ne l'oubliais pas, ce qui m'a permis quand même d'en regarder pas mal.
J'avais déjà pu en voir quelques épisodes au moment de la première diffusion sur France 2. Je
trouvais la série plutôt bonne, mais je ne la suivais pas à l'époque.
J'ai pu confirmer cette fois que c'était une série très bien faite. Son principal intérêt est de
mettre en scène un commissariat de quartier, opérant entre le 10e arrondissement de Paris et
le XIXe, sur les bords du canal Saint-Martin, où l'on tourne d'ailleurs beaucoup d'autres séries
(sans doute parce que les cours Florent se trouvent dans le coin et qu'on y voit souvent des
élèves en tournage). Une autre série, Boulevard du Palais, abuse un peu du secteur alors qu'elle
est censée se passer autour de l'ancien Palais de justice de l'île de la Cité. Le commissariat de
PJ est situé près du fameux Hôtel du Nord, ce qui permet de reproduire des scènes sur les
ponts de cette partie du canal et près des écluses de la place de la Bataille de Stalingrad ou
autour du Bassin de la Villette.
L'avantage de montrer les aventures d'un petit commissariat est bien sûr d'éviter la tendance
actuelle des séries et des films policiers de se croire obligé d'utiliser l'artifice narratif du tueur
en série. De nos jours, il semble qu'un seul meurtre ne suffit plus aux fictions policières. Il faut
absolument que l'équipe d'enquête soit sur les dents en attendant les prochains meurtres d'un
malade qui laisse complaisamment des indices, de préférence symboliques ou bibliques
(comme la série Meurtres à..., dans toutes les régions françaises, dont les épisodes se fondent
chaque fois sur une légende locale). Ça finit par être lourdingue.
Dans PJ, les intrigues sont bien construites avec des dialogues réalistes et des acteurs très
convaincants. La série qui a duré douze ans fait défiler une galerie de numéros d'acteurs assez
remarquables. Chaque épisode permet souvent aux comédiens d'exécuter une espèce de
morceau de bravoure qui fait penser aux solos des concerts de jazz pour mettre en valeur un
musicien à tour de rôle. Toute la profession défile sur la durée. Outre les habituels rôles
multiples tenus par le même acteur des séries qui durent longtemps, on a aussi pu voir un
acteur passer d'un emploi de suspect à un premier rôle de policier un peu plus tard. C'est un
peu gênant quand les épisodes ne sont pas dans l'ordre. Mais les acteurs principaux récurrents
sont excellents dans des rôles très personnalisés et attachants. J'ai été curieux de voir qui avait
créé cette série et j'ai constaté que c'était Michelle Podroznik et Frédéric Krivine, scénaristes
à succès.
L'intérêt d'intrigues policières souvent mineures est surtout d'explorer une palette de
comportements beaucoup plus différenciés que les seuls cas de meurtres (en série surtout). La
délinquance n'en est pas moins sordide et son traitement par les policiers présents est plus
subtil dans leur variété. La qualité des dialogues confirme aussi l'idée que j'ai déjà avancé que
ces feuilletons constituent des sortes de cours de formation pour futurs policiers (ou de
recyclage pour ceux en poste). La variété d'affaires du commissariat de quartier me paraît aussi
plus réaliste que celles de la crim', élite toujours présentée comme une sorte d'idéal. La réalité
doit être cependant plus routinière encore.
Il me semble en effet que le souci de compliquer la narration pour soutenir l'intérêt aboutit à
abuser de rebondissements de manière un peu trop récurrente pour chaque affaire. Je
m'interroge aussi sur la nécessité des séries policières en général de présenter trop
systématiquement des conflits avec la hiérarchie (interne ou externe), ainsi sur l'habitude
narrative, comme le dit le personnage du commissaire Meurteaux, d'agir toujours « à moitié
hors procédure » (comme le principe assez constant des séries américaines de crocheter la
porte des suspects - même s'il se trouve que je viens moi-même récemment, à la demande
d'une voisine, de réussir laborieusement à forcer l'ouverture de sa porte grâce à une feuille de
radiographie médicale).
Le seul reproche que je ferai à la série PJ est celui que j'ai déjà mentionné ailleurs de trop faire
tourner les histoires autour de la vie personnelle des rôles principaux. C'est un peu normal dans
le cas d'un petit commissariat pour un feuilleton qui a duré douze ans. On connaît forcément
de mieux en mieux les personnages. Mais progressivement, si ma perception de la progression
temporelle de la série est exacte, comme je n'ai quand même pas vu tous les 95 épisodes
(seulement peut-être un peu plus de la moitié), les affaires policières elles-mêmes concernent
de plus en plus les policiers locaux eux-mêmes de manière directe ou indirecte. Ils finiront
d'ailleurs par en arrêter certains entre eux ! Et surtout, cette tendance va crescendo jusqu'à
deux apothéoses finales très glauques qui me paraissent moins crédibles. Sans doute les
nouveaux scénaristes entrés en cours de route ont voulu trop en faire ou la production ne savait
plus comment se débarrasser de la série. C'est vrai que dans de nombreuses autres, il faudrait
savoir s'arrêter avant trop de routine. Mais ça me paraît dommage, pour celle-là, de céder à la
surenchère hollywoodienne apocalyptique.
Bon, c'est vrai aussi que j'ai eu un peu la nostalgie des personnages qui disparaissaient. Les
scénaristes et les acteurs m'ont procuré beaucoup de plaisir et ça m'a fait regretter de ne pas
avoir vu toute la série dans l'ordre au moment de sa première diffusion.
Jacques Bolo
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