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Politique - Janvier 2008

Démocratie, Leçon 10 :

Démocraties monarchiques

Le 27 décembre 2007, Benazir Bhutto a trouvé la mort à la suite d'un attentat à Rawalpindi, dans la banlieue sud d'Islamabad au Pakistan. Son fils, Bilawal Bhutto, 19 ans, a été nommé président du Parti du peuple pakistanais (PPP). Benazir Bhutto, présidente à vie de ce parti, avait elle-même succédé à son père. Et c'est son mari, Asif Ali Zardari, qui assurera le pouvoir réel.

On le voit, le pouvoir politique reste affaire de dynasties. On ne peut pas dire que c'est le propre de pays pauvres ou arriérés. C'est bien le fils de son père, Georges W. Bush, qui dirige le pays le plus développé du monde. Et partout dans le monde, en France aussi bien sûr, des fiefs électoraux sont réservés aux héritiers, directement ou indirectement.

On ne peut pas dire qu'il s'agit d'une question de privilèges institutionnalisés. Ce sont bien les électeurs qui votent librement pour ces héritiers. Certes, on peut considérer qu'il s'agit d'une manoeuvre publicitaire. On profite de la notoriété. Mais, il suffirait aux électeurs de refuser cette facilité s'il ne s'agissait que d'un procédé de marketing.

Il est donc plus rationnel de penser que le mécanisme réel repose simplement sur l'existence de réseaux qui, une fois en place, tendent à favoriser les dauphins attitrés. Cette reproduction du pouvoir à l'identique entrave le processus démocratique qui suppose un renouvellement. Sinon, ce qui s'installe est une sorte de monarchie élective qui fait adouber par le peuple quelqu'un choisi par le sérail.

L'existence de monarchies en Europe donne le mauvais exemple. Même si leur fonction officielle n'est que décorative, elles demeurent le symbole de l'inégalité et de la reproduction héréditaire des élites. On peut imaginer qu'elles incitent à suivre ce modèle pour les dirigeants démocratiquement élus qui, une fois installés au pouvoir, peuvent rêver de voir le fiston prendre la succession de la boutique.

On peut toujours alors moquer les imitateurs, comme à l'occasion du sacre de Bokassa. Cela relève d'ailleurs encore du snobisme aristocratique de préférer l'original à la copie, les vieilles familles aux nouveaux riches. Mais les démocrates n'ont pas à reprendre ces critères. En l'espèce, l'original monarchique est au moins aussi ridicule que la copie. Et ce qui est encore plus risible est de payer une liste royale ou, plus généralement, des subventions attribuées à des personnes privées au titre de la conservation d'un patrimoine héréditaire.

La révolution a changé les impôts en contributions, ce qui pouvait être considéré comme une explicitation. Aurait-elle aussi changé les fermages en subventions ? Si c'était le cas, cela pourrait surtout être considéré comme une mystification.

L'abolition immédiate de la monarchie devrait être le programme minimal des démocraties. Et tout ce qui ressemble à la reproduction héréditaire devrait être considéré comme une régression institutionnelle et cognitive.

Jacques Bolo

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