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Conneries / Faux culs 20.12.2006

Mistigrisation anti-Sevran

Giclée de Noël

L'affaire Sevran présente un nouveau cas intéressant de mistigrisation (voir Anti-Frêche). Alors que la publication de son livre de mémoires, Le Privilège des jonquilles, n'avait guère suscité de récriminations, une interview donnée à Nice Matin le 2.12.2006 a déclenché un scandale. Les élections approchent, il faut bien se positionner.

Pascal Sevran, à propos de la famine au Niger, avait écrit dans son livre « Les coupables sont facilement identifiables, ils signent leurs crimes en copulant à tout va. La mort est au bout de leur bite. Ils peuvent continuer puisque ça les amuse. Personne n'osera jamais leur reprocher cela, qui est aussi un crime contre l'humanité : faire des enfants, le seul crime impuni » . Interrogé par le journaliste de Nice Matin que ces propos avaient choqué, Sevran persistait : «  Si des gens bien au chaud dans leurs certitudes ne supportent pas d'entendre ça, eh bien que les choses soient claires : je les emmerde ! Oui, il faudrait stériliser la moitié de la planète ». D'où la polémique. D'autres ont eu lieu pour moins que ça.

Malthusianisme démographique

Sur le fond, comme j'ai prôné le malthusianisme démographique dans un article précédent (voir Malthusianisme), je ne vais pas jouer les vierges effarouchées. Sevran a fini par dire qu'il parlait bien de contrôle de naissance, et par présenter ses excuses auprès de ceux qu'il avait pu choquer, selon le nouveau genre littéraire (voir L'Affaire Finkielkraut). Il retire le mot stérilisation, mais maintient l'idée générale. Notons que ceux qui sont contre cette idée malthusienne adoptent donc le parti du Vatican et favorisent bien la surnatalité. C'est sans doute l'incompréhensible abandon quasi total du thème du planning familial qui cause ce pseudo dérapage. En la matière, il s'agit plutôt d'un coup de gueule. Puisque le discours rationnel n'est plus possible sur le sujet.

Quant à la forme, je ne vais pas jouer les vierges effarouchées (bis) non plus (voir Les mots ne sont pas si importants). Ceux qui critiquent Sevran sont d'habitude moins vernaculairement corrects quand il est question des dérives bigotes de la Moral majority d'outre-Atlantique. C'est le mot bite qui les choque ? Bite, con, foutre, ta mère ! Y en a marre des faux culs ! Merde ! D'ailleurs, quand on s'oppose à la forme, c'est souvent qu'on n'est pas d'accord sur le fond. Décidément, l'idéologie du Vatican est vraiment dominante sur la forme et le fond. La question primordiale est quand même : vous êtes pour ou contre le contrôle des naissances ? Et oui ou merde, vous en assumez les conséquences ?

Racisme ?

Alors oui, c'est vrai que dire « Les coupables sont facilement identifiables, ils signent leurs crimes en copulant à tout va. La mort est au bout de leur bite. » n'est pas très gentil (outre la stylistique rap, voir Les Mots). Mais ce n'est pas raciste. C'est vrai, ça peut faire plaisir aux racistes qu'on critique les Noirs, aux antisémites qu'on critique les juifs, aux sexistes qu'on critique les femmes. Mais ce n'est ni raciste, ni antisémite, ni sexiste. C'est comme ça et pas autrement ! Dire le contraire est du ne-pas-désespérer-Billancourtisme, du paternalisme (donc un peu du racisme, quelque part, comme disent les vierges effarouchées de gauche). Et surtout, je ne vois pas en quoi laisser crever les Noirs pour ne pas faire plaisir aux racistes est une tactique intelligente (ou ne pas voter Ségolène Royal pour ne pas dire qu'on vote pour une femme non plus).

C'est vrai par contre qu'on tape un peu facilement sur les Noirs aujourd'hui. C'est vrai que ça fait un peu clin d'oeil aux racistes et à l'électorat de Le Pen dans une période pré-électorale. Mais les affaires récentes montrent qu'on critique également les juifs (Dieudonné, Morin), les Arabes (Caricatures) et les femmes (Zemmour). Tout le monde critique tout le monde et c'est très bien. Mais chaque fois cela déclenche aussi des tentatives d'interdiction au nom de la lepénisation des esprits. Faut-il laisser à Le Pen le rôle de critique des idées reçues de gauche. C'est lui faire beaucoup d'honneur. J'ai déjà indiqué que les gens de gauche honnêtes ne l'ont pas attendu pour critiquer le stalinisme (voir Feu le communisme). Et ceux qui refusaient les critiques étaient bien des staliniens, non ? Plus ça change, et plus c'est la même chose.

Bizarrement, politiquement correct oblige, personne ne semble avoir remarquer que le discours de Sevran : « Les coupables sont facilement identifiables, ils signent leurs crimes en copulant à tout va. La mort est au bout de leur bite » s'appliquait aussi aux homosexuels à propos du sida. Suis-je le seul ? Le Pen peut-être ? Serais-je donc encore pire que Le Pen ? Mon discours est-il encore plus libéré que tout le monde ? En fait, ça m'étonnerait vraiment. Mais personne n'a osé le dire. Dégonflés va !

Pourtant, je n'ai rien contre l'homosexualité. La preuve (outre le fait que je distribuais le journal de FHAR bien avant que certains ait tété leur première bite), c'est que j'admets volontiers que l'homosexualité serait une solution pour résoudre la surnatalité en Afrique. Et Dominique Sopo, président de SOS Racisme, qui a puni Pascal Sevran en l'envoyant réaliser un reportage en Afrique pour se rendre compte sur place s'est peut-être dit qu'il apporterait ainsi sa modeste contribution à cette solution géniale. Enculons-nous Folleville !

Jacques Bolo


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