Léonel Houssam, anciennement Andy Vérol, écrivain glauque (Les derniers cow-boys français, La Mort dans Marcelle, ma mère, Seconde chance: Suivi de "Les adieux à la peau") et biographe (Un noir désir : Bertrand Cantat, Manu Chao le Clandestino
) change plus souvent de nom que de chemise. Il ne sait pas où il a bite.
Son désenchantement du monde ne connaît pas le bonheur du cauchemar climatisé. La poésie moderne remplace la rime par la parataxe. On pense à des fleurs du mal de vivre en prose qui n'a plus besoin de l'artifice des calligrammes. Baudelaire populiste trash. Sa chair est flasque et il n'a pas encore lu tous les livres.
Le XXIe siècle nous offre sa version littéraire d'une sorte de post-anarchisme, dyslexique. Tout artiste perpétue toujours un dandysme néo-romantique pré-anar. Préciosité élitiste. L'artiste maudit ne veut pas l'être, mais les lois du marché sont impénétrables. Plaire ou ne pas plaire, là est la question.
Ses malheureux héros, comme les peuples heureux, n'ont pas d'histoire. Forcément, ils s'emmerdent. Les images se succèdent et s'entrechoquent. Le terrorisme s'installe. Il passe bien à la télé. Faut faire quelque chose. Mais quoi ? Savoir ce qu'on sait exige de savoir qu'on le sait. Hors classicisme, point de salut.
Addiction au présent. Houssam éjacule en flux continu des textes courts sur Internet (où je l'ai découvert par hasard). Cette pratique risque de nuire un peu à la continuité pour le format livre. Ça nous donne les carnets posthumes du vivant de l'auteur ! Ya à boire et à manger. Quand on entre dans la cuisine, on voit les repentirs... L'auteur ne se repend pas souvent, l'hérétique !
Houssam est une sorte de Houellebecq, beaucoup plus littéraire que sociologique, qui assume le vécu de l'absence de cohérence au lieu d'en proposer une qui n'existe pas. Ou peut-être que non.
Jacques Bolo
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