EXERGUE
Depuis 2005
Économie - Juin 2010

Dette grecque et taux d'intérêt

La crise grecque a commencé de façon bizarre fin 2009, puisqu'il semble que ce soit une meilleure transparence du gouvernement sur l'ampleur de sa dette, dissimulée par le gouvernement précédent, qui l'a déclenchée. C'est à vous dégoûter de produire des comptes sincères. Il semble aussi que la banque Goldman-Sachs avait été chargée de fausser les comptes par des montages financiers en se servant très grassement au passage. Il ne faut donc pas s'étonner si ces financiers jouent contre la Grèce et l'euro actuellement. Ils veulent sans doute donner une leçon à ceux qui tentent de tuer la poule aux oeufs d'or et se comportant correctement.

Comme on l'a vu, une conséquence de la crise et du délai mis par les pays européens à y faire face a été une augmentation des taux d'intérêt, et donc de la charge de la dette ! Ce mécanisme est connu. C'est celui qui plombe les pauvres des pays sous-développés victimes des usuriers. La solution est donc évidente : des taux d'intérêts plus faibles permettent de rembourser (ou de réemprunter pour rééchelonner la dette, ce qui est un principe financier élémentaire).

Évidemment, comme dans l'affaire des subprimes américains, on a assisté à une levée de boucliers des riches allemands qui ne veulent pas subvenir aux besoins des pauvres si dépensiers qui ont cru que c'était arrivé en devenant membres de l'Union européenne. Dans cette affaire de la crise grecque, les riches européens ont mis un moment à s'apercevoir que les pauvres grecs étaient endettés auprès des banques allemandes et françaises. Une défaillance causerait des dégâts collatéraux. D'autant que le budget grec de la défense, notoirement excessif, procurait aussi des débouchés aux marchands d'armes allemands et français. Ce qui doit expliquer la dette auprès des banques correspondantes.

On assiste en fait à une tendance générale des riches à ne pas comprendre qu'ils dépendent des dépenses des pauvres dans le cadre de l'économie moderne fordiste fondée sur la consommation des classes moyennes. La constante consiste à régresser à un accaparement de plus en plus important, qui se manifeste par un taux d'intérêt qui tend vers des taux usuraires, comme dans les crédits à la consommation. Ce qui est en train de se passer au niveau mondial est une tentative de rétablissement de l'ancien régime économique par l'intermédiaire des astuces diverses auxquelles se livrent les banques.

À la fin des années 1980, un ami grec m'avait parlé d'une entreprise de son pays qui avait pris un petit local dans le centre de Paris, pour diffuser une ligne de vêtements. Quand il m'avait annoncé le prix du loyer, environ 100 000 francs (15 000 euros), j'avais d'abord pensé qu'il se trompait d'une décimale. Ce n'était pas le cas. Comme à l'époque, on parlait des prix de l'immobilier astronomiques à Paris, les entrepreneurs grecs avaient sans doute considéré que c'était normal. Évidemment, l'entreprise n'a jamais pu couvrir les frais de fonctionnement [1]. J'ai pu avoir par hasard d'autres informations à propos de ce local particulier. Les investisseurs qui l'avaient acheté avaient simplement considéré qu'il devait leur rapporter les fameux 15 % de rendement.

C'est ce genre de mécanisme qui a contribué à des phénomènes comme ceux de la crise grecque. J'ai déjà eu l'occasion de parler du fait que l'augmentation des salaires des riches était inflationniste. Le moyen en est précisément l'augmentation du taux d'intérêt sur la consommation des pauvres (quand il ne s'agit pas de la simple réduction de leurs salaires, ce qui revient au même). Une Union européenne, et tout simplement une démocratie, supposent au contraire une égalité des droits économiques. Il ne peut pas être question d'un espace où les riches payent peu et les pauvres beaucoup et où, en plus, les riches accusent les pauvres de dépenser trop. C'est en intérêts qu'ils dépensent trop.

Jacques Bolo

courrier Merci de signaler à l'auteur toute erreur que vous trouveriez sur cette page
courrier Recommander cette page à un ami
Voir aussi :

Notes

1. C'était une mauvaise stratégie, pour ce prix, elle aurait pu avoir plusieurs magasins à Paris et diffuser réellement sa production. [Retour]

Soutenez
la revue Exergue
Tous les articles
Références
Critiques

IA
Méthodologie
Culture
Ecologie
Economie
Education
Ethnologie
Relativisme
Société
Europe
Turquie
Démocratie
Sciences
Histoire
Photos
Urbanisme
Sociologie
Reportages
Linguistique
Philosophie
Internet
Politique
Humour
Racismes
Femmes
Démographie
Conneries
Peurdesmots
Médias
Religion
Social
Sports
Carnet
Publicités Amazon
Bolo, La Pensée Finkielkraut
Bolo, Philosophie contre Intelligence artificielle
Bolo, Pour en finir avec la question de la laïcité
Accueil Ball © 2005- Exergue - Paris Ball Légal Ball Ball Partenaires Ball Contacts