Angle d'attaque traite d'un attentat contre le président américain au cours d'un déplacement pour une conférence pour la paix en Espagne. Le film se résume à deux bombes, un enlèvement et une poursuite auto, filmés sous tous les angles avec des retours en arrière, d'où le titre sans doute.
Le film commence entre autres avec l'équipe des médias (qui case brièvement Sigourney Weaver), responsable du dispositif dans le camion de régie. Étonnamment, le film lui-même continue sur le même principe, comme si tous les événements qui suivent faisaient partie d'une sorte de reportage. Un spectateur lambda (Forest Whitaker) contribue d'ailleurs à la mise en scène et à l'enquête du héros principal avec les images tournées par sa caméra au moment de l'explosion. Il continuera en partie à filmer en se trouvant opportunément sur les lieux de la suite des événements. Le dispositif filmique donne l'étrange impression d'ensemble de prolonger les choix de montage entre les écrans de contrôle de l'équipe télé.
Le héros principal du film (Denis Quaid) est un vieux G-man (comme on disait dans le temps pour désigner les agents spéciaux américains) qui a repris du service après avoir été blessé dans un précédent attentat contre le même président (William Hurt). On imagine un clin d'œil au rôle de Clint Eastwood de Dans la ligne de mire (In the Line of Fire, 1993). C'est surtout Quaid que la caméra de ce reportage virtuel suit presque en permanence. Pour renforcer la dramaturgie, le film cultive une incertitude ininterrompue en tissant des liens plus ou moins inutiles entre les personnages, sur le modèle des feuilletons romanesques.
Les terroristes se manipulent mutuellement et s'éliminent entre eux, ce qui accentue le complotisme hollywoodien habituel. S'y ajoutent des combinaisons politiques et sécuritaires habiles du côté de l'équipe présidentielle, avec de nombreux rebondissements inattendus pour certains, prévisibles pour d'autres. Le film confirmera cette ambiance conspirationniste avec une conclusion sur le mode « les médias nous mentent » (et les scénaristes aussi donc).
Au final, l'action constamment rythmée et la mise en scène complexe maintiennent l'attention, mais l'ensemble donne pourtant une impression de construction factice. Bien essayé quand même. L'idée n'était pas mauvaise.
Jacques Bolo
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