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Société 15.9.2006

Le pari perdu d'Alain Finkielkraut

On connaît le fameux pari de Pascal qui proposait de croire en Dieu parce qu'on aurait tout à y gagner alors que le pari inverse causerait notre perte. Outre une conception de la divinité vengeresse et pour tout dire mesquine, on pouvait opposer à Pascal que les athées font le pari d'un Dieu inexistant (ou indulgent), et que certains chrétiens (comme Henri Guillemin) trouvent sa comptabilité méprisable. Quoiqu'il en soit, on peut conserver cette idée de pari pour caractériser les situations qui relèvent de l'incertitude, c'est-à-dire toutes celles qui concernent l'avenir ou qui font l'objet de conflit de valeurs et ne relèvent donc pas d'une démonstration. Ce qui fait beaucoup, et caractérise finalement la plupart de nos prises de position !

Le test du pari (de Pascal) est ce qui permet de choisir entre deux (ou plusieurs) hypothèses. Cette idée de pari restitue bien ce caractère hypothétique de nos prises de position particulières. Elle valide l'idée de Pascal dans la mesure où nos idées nous engagent effectivement devant les hommes ou l'histoire, sinon devant Dieu. Car dans un contexte de liberté d'expression, la question n'est pas celle de la répression des idées incorrectes ou blasphématoires (voir article sur les caricatures de Mahomet). La notion de pari peut aussi caractériser la tendance de ceux qui confondent pensée et croyance (voir Conneries) en les aidant peut-être à relativiser leurs positions. Elle permet au passage de considérer Pascal comme faisant preuve de modestie plutôt que d'intéressement.

Dans tout débat, il existe en fait une sorte de balancement entre une forme assez impersonnelle d'exposition des arguments et une forme partisane et sectaire. Sur le principe fameux de Peirce (et de Pascal aussi d'ailleurs), il est vrai qu'on finit souvent par croire ce qu'on pense. Mais toute la question est forcément la possibilité de convaincre qui est bel et bien la condition de tout débat, contre l'alternative de l'incommunicabilité totale dans le meilleur des cas et de la guerre dans le pire.

En ce qui concerne Finkielkraut, la réfutation n'est pas très difficile, au point qu'on peut se demander si son livre, La défaite de la pensée, n'est pas qu'une prémonition autobiographique. Mais je ne recule jamais devant une trop grande facilité, qui constitue précisément un excellent exercice d'école. Comme l'a montré Sokal, les impostures intellectuelles reposent souvent sur une tentative de s'approprier des idées trop difficiles. C'est d'ailleurs la première clef pour comprendre les erreurs des intellectuels, face aux problèmes contemporains. La bonne volonté s'arrête au seuil d'incompétence. Car il ne faut pas oublier que le travail des professeurs consiste le plus souvent à présenter les solutions connues à des problèmes passés. Ce qui les qualifie rarement pour affronter les problèmes nouveaux.

Retour sur les émeutes de 2005

J'ai déjà eu l'occasion (voir l'affaire Finkielkraut) de commenter les positions de Finkielkraut sur les émeutes des banlieues de 2005, succédant à la mort de deux jeunes issus de l'immigration dans un transformateur électrique où ils s'étaient réfugiés pour échapper à un contrôle de police (pour éviter les problèmes parce qu'ils n'avaient pas de papiers). On pourrait dire que je m'acharne mais c'est bien Finkielkraut qui y est revenu à plusieurs reprises, voire de façon quasi constante, dans son émission du samedi sur France culture, Répliques, sur le mode de la dénonciation de la décadence et du péril jeune.

Puisqu'il prend la peine d'exprimer explicitement et sans relâche certains de ses sentiments, je me permets donc de les considérer comme des invitations au dialogue ou au commentaire. Je pense qu'il a tort sur plusieurs points, comme je l'ai montré dans l'article à son propos. Et je considère précisément comme un pari [1] risqué cette persistance de Finkielkraut dans l'erreur, qui consiste concrètement à stigmatiser les émeutiers en faisant leur procès essentiellement à charge (essentiellement parce qu'ils osent toucher à ses vaches sacrées). Le premier risque du pari est toujours celui de la contradiction.

Finkielkraut est donc revenu spécialement à deux reprises sur les émeutes de 2005, en y consacrant entièrement son émission Répliques, sur France culture, le 18.2.2006 avec comme invités Clémentine Autain et Robert Redeker et le 9.9.2006, avec deux sociologues, Hugues Lagrange, Marco Oberti. Dans les deux cas, Finkielkraut a pris une part plus qu'active au débat. Dans le premier en s'alliant avec un des invités contre l'autre (comme on le lui a reproché plusieurs fois depuis longtemps), dans le second, en s'opposant lui seul à ses deux invités qui ignoraient peut-être son antipathie farouche envers la sociologie en général, comme l'a montré leur manque de répondant en la matière.

1. Sans voix : Un des reproches faits aux émeutes de 2005 est d'avoir été « sans voix », « ces jeunes ne disent rien » dira Robert Redeker, « le message, c'est qu'il n'y a pas de message », « ces jeunes ne construisent rien dans quoi se figurer, ni ce que c'est qu'un homme, ni ce que c'est qu'un Français, ni ce que c'est que la France ». Cet usage accusateur de la notion de « sans voix » est une nouveauté (voir aussi Niveau du débat). On n'aurait pas à pousser beaucoup l'argumentation pour réduire les émeutiers à l'animalité : on sait que le qualificatif de sous-hommes vient rapidement à l'esprit quand il est question d'indigènes (voir Les bienfaits de la colonisation).

Finkielkraut reprendra à son compte cette caractérisation de « sans voix » en introduisant sa seconde émission. Or, comme il lui sera répondu à cette occasion, c'est la défection de la gauche qui a causé cette impression d'absence de revendications. Cet accompagnement a eu lieu pour les manifestations contre le CPE (Contrat de Première Embauche), début 2006 . Une argumentation de gauche pourrait remarquer que les jeunes des banlieues sont des pauvres qui ne peuvent pas avoir la parole aussi facile que les jeunes bourgeois de Mai 68. Cette impression est non seulement fausse mais mensongère, puisque chacun sait que la parole des jeunes s'est manifestée par internet, par les blogs, et s'exprimait déjà par le rap. Mais précisément, Finkielkraut n'en tient évidemment pas compte puisqu'il est contre le rap et internet, bien qu'il considère précisément le rap, « non comme de l'art, mais comme une prédication et une harangue violente ». On nage en pleine double contrainte [2] ! En fait, la seule qui restera (un moment) sans voix, est Clémentine Autain [3] devant la hargne de Robert Redeker contre les travailleurs sociaux qui montent, selon lui, la jeunesse contre la culture.

2. Immigration-intégration : Les jeunes émeutiers se figurent au contraire très bien ce que c'est que la France. Contre l'interprétation classique de la gauche à propos du chômage, ils affirment au contraire une interprétation en terme de spécificité du racisme (voir la question de la spécificité de l'antisémitisme in Unicité). Vouloir échapper à un contrôle de police, contrairement à ce que prétend Redeker, n'est pas une attitude anti-républicaine, mais un refus de la position de suspect a priori qui ne peut en aucun cas correspondre à un état de droit, mais bien à un état de police. D'autant qu'il faudrait être ignorant de la tradition française pour faire semblant de croire à la bonne réputation de la police auprès de la plupart de nos concitoyens, au point que c'en est parfois ridicule (voir aussi Contre le rap) et, on le voit, dangereux.

Malheureusement pour lui, quand Redeker oppose son intégration – en tant que fils de pauvres et d'immigrés – à celle des jeunes de banlieue, on sourit (un peu tristement) quand il raconte que ses parents sont d'anciens militaires allemands de la Werhmacht et de la Luftwaffe restés en France après leur captivité. Il semblerait bien qu'il ne soit pas si bien intégré que cela : soit au pire qu'il cautionne un comportement d'armée d'occupation, soit au mieux qu'il manifeste un caractère un peu trop allemand de respect de l'autorité.

4. Sociologie, pédagogie : On connaît la détestation de Finkielkraut pour la sociologie. J'ignorais celle de Redeker pour le sociologisme, le psychologisme, le pédagogisme qui, nous l'avons vu, a laissé sans voix Clémentine Autain. Concrètement, cette détestation correspond surtout à des critiques de la situation scolaire (style méthode globale, culture populaire contre culture d'élite, langage des banlieues, etc.) qui sont des critiques possibles (en général plutôt de droite) mais dont la limite principale est de simplement regretter le bon vieux temps (voir Comment doit-on enseigner ?). Sa validité effective repose sur le fait que l'erreur des sciences humaines consiste à généraliser un peu trop des conceptions ou des expérimentations valides marginalement ou de façon correctrice.

Finkielkraut dans son émission avec/contre les sociologues, pensera expliciter cette critique en caractérisant la sociologie par l'épithète de rousseauiste (correspondant à l'explication sous forme de « c'est la faute à la société »). Mais si on veut rétablir la notion de responsabilité individuelle, pourquoi accuser le sociologisme, le psychologisme, le pédagogisme, le politiquement correct, etc.

La cohérence philosophique n'est pas si facile et c'est précisément en cela que le pari de Finkielkraut engage sa propre responsabilité. Son erreur consiste précisément ici à accuser les enfants. D'une façon générale, on peut accorder que la responsabilité des enfants doit toujours être relativisée individuellement sinon socialement. Comme je l'ai montré à propos de la Marseillaise (dans L'affaire Finkielkraut), les élèves reproduisent plutôt fidèlement les normes et les errements (voire les doubles contraintes) qu'on leur impose.

Dans une autre émission de France culture, Mémorables du 10.7.2006, Maurice de Gandillac eut l'occasion de rapporter une grande vérité à propos de la carrière académique, selon son professeur Auguste Bailly : « Si vous n'êtes vraiment bon à rien, devenez professeur. (...) Généralement, on ne va pas accuser les professeurs des échecs de leurs élèves. C'est toujours les élèves qui sont accusés, pas le professeur. » On constate que les partisans de l'école républicaine ont retenu la leçon. Et on remarque aussi qu'on donnait bel et bien des conseils de carrière à une époque où l'enseignement conduisait au professorat plutôt qu'au chômage. Ces conseils ont été suivis par certains, même s'ils ont oublié aujourd'hui de théoriser et de contextualiser leur propre situation. Mais ils n'ont pas appris le relativisme sociologique.

5. Morale républicaine ou morale démocratique : J'ai déjà eu l'occasion d'apporter une réponse sociologique à cet oubli de soi si philosophique qui concerne la conception de l'école comme se suffisant à elle-même, ou le refus de la voir servir un objectif professionnel. Le point fondamental me paraissait être une position élitiste, à laquelle j'ai également rendu la justice qu'elle mérite. (voir L'affaire Finkielkraut).

On peut aussi opposer la méthode philosophique et sociologique sur la question de la capacité démocratique du monde académique. Le biais antidémocratique de l'éducation scolaire peut résulter simplement du fait qu'elle a affaire à un public captif dans une relation inégalitaire, que revendique Finkielkraut. Cette condition particulière peut conduire à une sorte de délire autoritaire et essentialiste, dont le début du vingtième siècle a déjà montré les conséquences. Il faudra bien un jour enregistrer le fait que ce délire était aussi un produit académique et républicain.

On peut ainsi expliquer les dérapages auxquels se livrent nos philosophes. On sait qu'un point important de l'affaire Finkielkraut reposait sur son interprétation des émeutes en terme ethnique. Il renversait l'accusation de racisme à un racisme anti-Français, qui se fonde exclusivement sur le fait que les émeutiers s'en prenaient aux écoles et aux bibliothèques, qu'il sacralise autant que son comparse. Or, quand on parle de laïcité, il faut en accepter les conséquences : rien n'est sacré. Ce que Redeker appelle du nihilisme. Finkielkraut en va donc jusqu'à s'interroger [4] sur les « disparités entre la culture des familles africaines et la réalité scolaire française ». Ne croirait-il plus à la mission civilisatrice de la France, qui se serait manifestée dans l'école au temps de la colonisation ? Les hussards noirs de la république se seraient-ils trompés ? On se demande en effet si on est encore en France – dans la France qu'on imaginait, semble-t-il à tort.

La méthode sociologique est démocratique, en cela qu'elle est plus relativiste ou casuistique que la philosophie, dogmatique et essentialiste. Il suffit en effet de considérer les facteurs environnementaux ou historiques pour ne pas commettre le biais philosophique si peu démocratique de n'instruire qu'à charge [5]. D'abord ne pas croire qu'on fait partie de l'élite intégrée parce qu'on a grandi dans les trente glorieuses et qu'on est devenu professeur au moment de l'explosion du recrutement académique [6]. Ensuite, ne pas contester une forme de révolte qui n'est d'abord pas si différente dans ses effets de celle de Mai 68 (imprévisibilité, violences, dégradations, coupure avec la gauche, nouveaux médias). Le ridicule de Redeker de refuser de caractériser les émeutes comme révolte au nom de la « noblesse du terme » [7] réservé à celles du passé ne sera d'ailleurs pas vraiment suivi par Finkielkraut lui-même (qui laissera de moins en moins parler Redeker, sans doute du fait de ses excès).

Les leçons de l'histoire

Quand on accuse (à tort nous l'avons vu) les émeutes d'être sans voix, il est facile de se demander qui aurait pu être la voix de ces émeutes. En France, on ne peut pas ne pas penser immédiatement à des exemples comme celui de Zola à propos de l'Affaire Dreyfus. Or il se trouve que Finkielkraut a aussi consacré une émission (le 17.6.2006) à une sorte de réhabilitation du fait que Dreyfus aurait été lui-même sans voix. Il n'aurait pas été à la hauteur de son affaire selon des commentateurs aussi illustres que Péguy : « Dreyfus [...] indigne de cette investiture » ou que Blum : « Pas le moindre mouvement de révolte. [...] S'il n'avait pas été Dreyfus, aurait-il même été dreyfusard ».

Cette troisième émission peut servir de grille pour expliquer l'interprétation si peu démocratique des émeutes quand on constate que la glorification de l'attitude de Dreyfus (légitime comme attitude personnelle) est, selon Birnbaum, invité de l'émission de Finkielkraut, celle d'une « dévotion à l'égard de l'État. S'il ne crie pas son indépendance [innocence a-t-il voulu dire], s'il ne supplie pas, il ne plie pas néanmoins. [...] tout le destinait à attendre justice de l'État [...], un fou de la république, un soldat ». Voilà donc la solution pour les émeutiers. Attendre justice de l'État.

Cette théorie ne relève-t-elle pas d'un biais d'historien qui reproduit les valeurs de son objet d'étude ? On sait pourtant que c'est la conception militaire aristocratique et anti-démocratique de l'époque qui a présidé à l'accusation de Dreyfus. Cette attente respectueuse semble par trop relever d'une assimilation entre la république (souveraine) et la monarchie. On n'est plus dans les « juifs d'État », comme le prétend Birnbaum, mais dans les « juifs de cour » ! Le contresens est total. Malheureusement, il semble aussi que la république ne soit pas aussi reconnaissante que la monarchie. Les harkis en savent quelque chose.

En fait, même Finkielkraut aura un moment de lucidité [8] avant de succomber à la salade biographique dégoulinante (les sentiments de l'homme Dreyfus pour ses anciennes petites amies, etc...) jusqu'à la panthéonisation qui terminera son émission. Finkielkraut déclarera : « Je vais être obligé de me faire l'avocat de Léon Blum. [Dreyfus...] ne va-t-il pas trop loin dans la dévotion à l'État. Cette dévotion ne contribue-t-elle pas à l'aveugler [...] au moment où l'État, pour des raisons qui tiennent du refus de la démocratie et à un antisémitisme très vif met en marche une terrible machination contre lui ? ». Effectivement, c'est précisément cette possibilité d'un « État tyrannique » et la spécificité du racisme qui justifie la révolte et la résistance. Pierre Birnbaum se décrédibilisera définitivement en récusant cette expression au nom d'un biais formaliste fréquent dans les sciences humaines : « L'expression État tyrannique m'inquiète. Un État ne peut pas être tyrannique. Si un État devient tyrannique, il n'est plus un État.»

C'est dans ces moments-là qu'on aimerait un peu d'anti-sociologisme. On pourrait justement assimiler ce biais formaliste à la raison d'État qui broie et nie les individus. C'est bien cet épisode qui confirme l'analogie avec les émeutiers et le négationnisme partiel de Finkielkraut. Il considère en effet que le racisme invoqué par eux - pourtant prétendument sans voix - est « partiellement fantasmatique ». Pourquoi ne parle-t-il pas de complexe du juif ?

Évidemment, les émeutiers ne sont pas plus parfaits que le capitaine Dreyfus, mais dans leur cas, la connaissance de leur vie intime n'intéresse pas nos professeurs, adeptes du biographisme dans un cas et du sociologisme dans l'autre. Car au fond, quel était le problème de l'affaire Dreyfus ? Le refus de l'intégration d'un juif dans l'armée et à plus forte raison au sein de l'état major. Quel reste encore le problème ? Le refus de l'intégration professionnelle des Arabes et des Noirs (« mais l'école ne servirait pas à cela »), spécialement aux postes de responsabilité s'ils ont fait des études poussées.

Car contrairement à ce que croit Finkielkraut, ce n'est pas l'école qui est en question puisque l'accès aux diplômes n'est pas en cause, contrairement au schéma bourdieusien, marxiste plus que sociologique, de l'école de classe. La critique anti-jeune les accusant de « vouloir tout tout de suite », ou de « moi d'abord » tendrait à confirmer qu'il oublie que les soixante-huitards étaient sur la même longueur d'onde. Tandis que son accusation d'« incapacité d'intégration à la république », ne semble pas prendre en compte cette réalité dreyfusarde du refus d'intégration par la France blanche et chrétienne. On ne choisit pas de ne pas s'intégrer à un club fermé (voir Ségrégation / Dés-intégration). Dans la tradition marxiste, on pourrait même trouver que les exclus sont un peu trop patients.

Verdict

Contrairement au pari de Pascal où l'on aurait tout à gagner et rien à perdre, le pari de Finkielkraut ne concerne pas la gloriole éternelle du cas où il aurait raison sur les émeutes, l'école, et le reste. Car bien sûr, chacun croit bien faire, ou bien penser, dans les deux camps. Mais si la pensée Finkielkraut a raison, le pari inverse du sien de l'école professionnalisante et des droits opposables fait de ses partisans des utilitaristes vulgaires, des droit-de-l'hommistes ou des laxistes. Si la pensée Finkielkraut a tort, elle perd tout.

Je crains que Finkielkraut ait perdu son pari. L'accusation guantanamiste (instruire seulement à charge, sans droit à la défense) des jeunes émeutiers l'exclut de la rationalité démocratique [9]. Son échec est aussi celui de la philosophie essentialiste et de l'histoire, comme réservoir de mythes républicains. Est-ce à cause de ses lectures dépassées ? Car en présence du vécu contemporain, le professeur, pourtant imbu de phénoménologie, a été incapable de reconnaître l'incarnation historique du mythe de la révolte [10]. Mais la justice est toujours impitoyable pour ceux qui échouent au test du pari : Finkielkraut et Redeker sont bel et bien du côté des antidreyfusards [11].

Jacques Bolo

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Voir aussi :

Notes

1. Son pari a aussi ceci de pascalien qu'il semble se placer en permanence sur le plan du jugement moral, malgré les risques de dérapages, comme celui qu'il a lui-même commis, de son propre aveu, à propos des noirs de l'équipe de France de football. «  Black-Black-Black » qui «  fait rire toute l'Europe »  et de ses déclarations à un journal israélien : «  Le personnage que désigne cet article m'inspire du mépris, et même du dégoût. Je ne suis pas ce frontiste excité nostalgique de l'épopée coloniale. J'essaie seulement de déchirer le rideau des discours convenus sur les événements actuels ».  (Alain Finkielkraut : «  J'assume « , Le Monde, 26/11/05). [Retour]

2. La double contrainte est un type d'interaction pathogène qui exige une chose et son contraire (ex. « Soit spontané », et reprocher de ne pas l'être si on fait un effort). Elle concerne d'ailleurs particulièrement les relations adulte-enfant. [Retour]

3. Ce qui constitue une belle performance quand on connaît sa verve. Apparentée PCF, elle est responsable à la jeunesse à la mairie de Paris. [Retour]

4. Philosophiquement on suppose ?. Une autre question philosophique : quel est donc le nom de cette philosophie ? [Retour]

5. La condamnation des conséquences des révoltes ne concerne pas directement la question traitée. S'agissant d'enfants, ils mériteraient une indulgence qu'on accorde généralement un peu trop facilement aux adultes quand ils appartiennent à des groupes de pression. L'un n'excuse pas l'autre ? Précisément si. La démocratie a beaucoup à voir avec l'égalité de traitement. Que la question se pose est un bon indicateur (sociologique) de son niveau dans un pays donné. [Retour]

6. Notons au passage que si on conteste la généralisation de l'enseignement, il faudra aussi réduire les effectifs d'enseignants. [Retour]

7. Les philosophes se croient les gardiens des mots, qu'ils concèdent avec parcimonie. Mais la réalité les dérange. C'est sans doute pour ça qu'ils en deviennent les gardiens des mythes. [Retour]

8. Comme il en a assez souvent quand il fait son travail d'interviewer cultivé au lieu de faire la propagande de ses idées personnelles. Sinon, son émission serait vraiment insupportable. Ce qu'elle est en train de devenir, je l'avoue. [Retour]

9. Une version moins grandiloquente pourrait simplement considérer qu'il est devenu un vieux con, mais comme je n'ai pas grandi avec le rap, mais avec Brassens, j'ai tendance à considérer que « le temps ne fait rien à l'affaire »[Retour]

10. Il est banal de considérer que les gens simples, qu'ils croient au ciel ou qu'ils n'y croient pas, avec leurs idées simples (« réciter un programme stéréotypé », comme le dit Redeker à Clémentine Autain), peuvent choisir le bon combat quand l'occasion se présente, s'ils ne hurlent pas avec les loups. On aimerait savoir comment (peut-être du fait de leurs déterminants sociologiques, qui sait ?). [Retour]

11. Accordons-leur qu'à l'époque de Dreyfus, ils auraient disserté sur Voltaire et l'affaire Callas. [Retour]


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