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Culture / Cinéma - Avril 2025

John Ford, Les Deux cavaliers (1961)

Résumé

Encore un film surprenant de John Ford sur les rapports entre les Américains et les Indiens qui oppose un militaire naïf et un shérif cynique.

Les Deux cavaliers, Titre original : Two Rode Together (Ils chevauchaient ensemble) ; Scénario : Frank S. Nugent ; Réalisateur : John Ford ; Production : Stanley Shpetner et John Ford - Columbia Pictures ; Musique : George Duning ; Avec : James Stewart, Richard Widmark, Shirley Jones, Linda Cristal, Andy Devine, John McIntire, Henry Brandon, Woody Strode, Harry Carey Jr., Olive Carey, John Qualen, Jeanette Nolan, Willis Bouchey, Mae Marsh, Boyd « Red » Morgan, Big John Hamilton, William Henry

Dans la série des « nanars de l'après-midi » sur Arte, ce film de John Ford de 1961 est une sorte de préfiguration de son film Les Cheyennes (1964), par son ton complètement décalé. C'est ici une sorte de vaudeville qui devient progressivement de plus en plus dramatique, jusqu'à sa conclusion implacable, malgré un épilogue plus léger pour déplomber l'ambiance.

Comme dans Les Cheyennes, James Stewart joue le rôle du shérif d'une petite ville frontière, McCabe, débonnaire, mais intéressé, qui vit aux crochets de ses administrés qu'il rackette par une taxe sur les commerces.

Arrive une colonne de militaires dirigée par le lieutenant idéaliste Jim Gary (Richard Widmark), qu'on a chargé de ramener le shérif au fort dans le but de prendre en charge une caravane de personnes dont des proches ou enfants ont été enlevés par les Comanches depuis longtemps. Le shérif a été requis pour ses contacts avec les Indiens (à qui il vendait des fusils en contrebande), dans l'espoir de récupérer les captifs.

Une fois arrivés au fort, le commandant force le shérif à accepter cette mission. Ce dernier doute du succès et il exige un dédommagement important payé directement par les membres du convoi. Le lieutenant Gary, dégoûté par cette vénalité, est contraint par le chef du fort d'accompagner en civil McCabe chez les Comanches. Ils rejoindront les Indiens et constateront la présence de captifs plus ou moins bien intégrés à la tribu et en ramèneront seulement deux d'entre eux, bon gré, mal gré, respectivement une femme mexicaine et un jeune américain qui résiste au retour. Après des péripéties violentes, l'accueil au fort des deux captifs sera mitigé, sur fond de racisme de la bonne société militaire, pour se conclure par un drame aux conclusions encore plus tragiques, sans aucune concession.

Malgré les clichés du genre que la réalisation exploite autant qu'elle les parodie, le film à la trame assez simple vaut surtout par la qualité des comportements conflictuels désabusés de tous les personnages. Les sociétés des Blancs et des Indiens sont présentées dans toute leur brutalité et leur probable authenticité culturelle de l'époque. Il en résulte une sorte de cynisme fataliste surprenant.

Je me demandais ce que les spectateurs avaient pu en penser à la sortie du film. J'ai vérifié dans les archives du Monde. Outre un court billet affichant une déférence convenue rituelle sur John Ford à l'occasion d'une rediffusion en 2006, l'article de la critique cinéma originale de 1961 est très mitigé envers le traitement désinvolte du sujet. Wikipédia explique d'ailleurs que Ford, affecté par la mort de Ward Bond, qui ne jouait cependant pas dans ce film, s'est désintéressé du tournage.

Jacques Bolo

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