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Culture / Cinéma - Février 2016

22e Festival International des Cinémas d'Asie de Vesoul du 3 au 10 février 2016

Sélection « Hommage à Eran Riklis »

Cup Final (Gmar gavi'a) 1991 d'Eran Riklis
Zohar 1993 d'Eran Riklis
Vulcan Junction (Tzomet volkan) 1999 d'Eran Riklis
La Fiancée syrienne (The Syrian Bride) 2004 d'Eran Riklis
Les Citronniers (Etz limon) 2007 d'Eran Riklis
Le Voyage du directeur de ressources humaines (The Human Ressource Manager) 2010 d'Eran Riklis
Playoff 2010 d'Eran Riklis
Zaytoun 2010 d'Eran Riklis
Mon Fils (Dancing Arabs) 2014 d'Eran Riklis

Eran Riklis - Vesoul 2016J'avais vu l'an dernier l'excellent Zaytoun, d'Eran Riklis, sur Canal plus, sans connaître spécialement ce réalisateur israélien. Ses autres films que j'ai pu voir à Vesoul, pour cette rétrospective, ont confirmé ma première impression. Il incarne tout particulièrement l'heureuse surprise de ce festival, où il a reçu un Cyclo d'or (conjointement avec Im Sang Soo). Tous ses films traitent avec un regard très juste du point de vue de l'individu confronté à la grande histoire. C'est bien le principe du roman et de la fiction en général, mais ça fait toujours plaisir de voir quelqu'un qui en est aussi conscient et qui le met autant en valeur.

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Cup Final (Gmar gavi'a)

1991, Israël, Réalisateur : Eran Riklis, Interprètes : Moshe Ivgy, Mohammad Bakri, Suhel Haddad, Salim Dau, Bassam Zo'amat

En 1982, le soldat réserviste Cohen se retrouve embarqué dans la guerre d'Israël au Liban juste au moment où il vient de recevoir ses billets pour la Coupe du monde de football de Barcelone. En opération, son convoi est attaqué et il est capturé par un commando de l'OLP qui tentera pendant tout le film de le ramener Beyrouth en vue d'un échange. Ironie de l'histoire, certains des Palestiniens viennent d'Italie et partagent avec Cohen une passion pour l'équipe italienne. Les péripéties se succèdent entre discussions de supporters et crapahutage entre les lignes ennemies. L'absurdité de cette fuite en avant où ils se trouvent tous embarqués apparaît d'autant plus que Cohen maintient encore l'illusion absurde de pouvoir rejoindre l'Espagne pour assister quand même aux derniers matchs. On se dit que Riklis a même pensé peut-être à une analogie entre la guerre et le football, autant dans leur enjeu que leur futilité. Il aurait pu.

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Vulcan Junction (Tzomet volkan)

1999, Israël, Réalisateur : Eran Riklis, Interprètes : Oren Shabo, Sami Huri, Danny Steg, Tomer Sharon, Gili Shushan, Jack Adalist

Back to the seventies. Dans le bar Vulcan Junction, en 1973, à Haïfa, un groupe de rock rêve de succès après une audition par un producteur de Tel-Aviv. Mais seul Michael, le leader du groupe est retenu pour un rôle dans une comédie musicale. Il n'ose rien dire à ses partenaires. La jolie Dalia, fille libérée, rêve de s'installer aussi à Tel-Aviv plutôt que suivre son copain Elbaz, joueur de foot retenu pour jouer avec l'Ajax d'Amsterdam, et ami de Michael. À ce tournant de leurs histoires personnelles, ils s'égarent dans un coup foireux pour voler le dernier disque des Pink Floyd sur les docks et l'avoir avant tout le monde. Ça manque de tourner vraiment mal. Quelles seront les conséquences de leurs choix et des circonstances ? La guerre du Kippour arrive en plus pour modifier encore les trajectoires. Chacun suit son chemin et son destin. On peut supposer qu'Eran Riklis fait aussi un clin d'oeil au film Hair (1979) de Milos Forman.

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La Fiancée syrienne (The Syrian Bride)

2004, Israël, Réalisateur : Eran Riklis, Interprètes : Hiam Abbass, M.J. Khoury, Clara Khoury, Ashraf Barhom, Eyad Sheety, Evelyn Kaplun, Julie-Anne Roth, Adnan Trabshi

Mona, jeune fille druze israélienne, doit épouser une vedette de la télévision syrienne, de l'autre côté de la frontière, qu'elle n'a jamais rencontré. Son père est un ancien militant pour la restitution du Golan à la Syrie, libéré mais qui reste sous surveillance de l'armée. Le mariage a lieu de part et d'autre, dans chacune des familles, parce qu'une fois syrienne, Mona ne pourra plus revenir en Israël voir sa famille. On connaissait les échanges avec des mégaphones à flanc de colline de part et d'autre de la frontière (les réseaux sociaux ont dû améliorer les choses aujourd'hui). Après la réunion de famille perturbée par des anciennes brouilles (un fils a épousé une Russe avec laquelle il vit en Russie), tout le monde se retrouve au poste frontière. Patatras ! Une nouvelle procédure israélienne n'est pas reconnue par la partie syrienne et la médiatrice internationale de service doit faire la navette à plusieurs reprises pour tenter d'arrondir les angles. Les gardes ne veulent pas céder sur leurs prérogatives nationales et ça traîne à n'en plus finir. Le dénouement inattendu est bien en adéquation avec l'approche riklisienne de cette question de l'opposition entre l'individu et les cadres sociaux et politiques. À savoir s'il est réaliste ou simplement contingent. Reste la tranche de vie et le jeu des acteurs qui donne une dimension documentaire à la situation.

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Les Citronniers (Etz limon)

2007, Israël, Réalisateur : Eran Riklis, Interprètes : Hiam Abbass, Ali Suliman, R. Lipaz-Michael, Doron Tavory, Tarik Copty, Amos Lavie, Amnon Wolf

La propriété plantée de citronniers de Salma, veuve palestinienne, jouxte la nouvelle propriété du ministre de la Défense israélien, au bord des territoires occupés. La sécurité exige qu'on coupe les arbres, qui pourraient permettre à des terroristes de lancer une attaque. Malgré l'indemnisation, que l'autorité palestinienne lui interdit d'accepter, Salma refuse cette décision de l'armée, de la juge, et remonte jusqu'à la Cour suprême d'Israël. Un jeune avocat palestinien se sert de l'affaire comme tremplin. Chacun est prisonnier de sa logique personnelle ou communautaire et essaie d'avancer ses pions malgré toutes les contraintes. On y joue à qui perd gagne et qui gagne perd.

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Mon Fils (Dancing Arabs)

2014, Israël, Réalisateur : Eran Riklis, Interprètes : Tawfeek Barhom, Yaël Abecassis, Michael Moshonov, Ali Suliman, Danielle Kitziz, Marlene Bajali, Laëtitia Eïdo, Razi Gabareen, Norman Issa

La famille du jeune Iyad, élève surdoué, veut le faire échapper à la situation des Arabes d'Israël, condamnés aux limitations sociales. Ils acceptent son départ pour un internat juif de Jérusalem. Seul arabe du lycée, il surmonte le décalage culturel et le particularisme dialectal, sur lequel joue le film dès le début. Une mission sociale le conduit à seconder Yonatan, un camarade atteint d'une maladie dégénérative. Il fraternise finalement avec lui sur la base ironique de leurs handicaps respectifs et de leur émulation scolaire et culturelle. Cette amitié soulage la mère de Yonatan que rongeait la maladie de son fils. Dans une interview, Eran Riklis parle de la question de l'identité des Palestiniens et des Israéliens, déchirées les uns et les autres par leur situation en porte-à-faux. La solution étonnante du film n'en est que plus radicale et révélatrice de l'approche décemment individualiste qui se dégage clairement dans toute l'oeuvre de ce réalisateur.

Eran Riklis - Vesoul 2016

Jacques Bolo

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